Pierre Louis Alfred Duprat - Gouverneur de l'île

Pierre Louis Alfred Duprat
Du 23 novembre 1913 Au 1er juin 1919

Pierre Louis Alfred Duprat est né en 1880, ancien chef de cabinet du ministre Georges Trouillot de 1909 à 1910, gouverneur de 2e classe de l'Inde de juillet 1911 à octobre 1913, il est nommé par décret du 28 septembre 1913, gouverneur de La Réunion.

Le nouveau gouverneur Duprat embarque le 30 octobre 1913 sur le Melbourne et arrive à La Réunion le 23 novembre 1913.

Le gouverneur Duprat sera à la tête de la colonie pendant pratiquement toute la durée de la Première guerre mondiale. La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec.

En début d'année 1914, le gouverneur Duprat supervise la campagne électorale des éléctions législatives, elle se déroule dans un climat malsain de violence. L'administration ( le gouverneur ) après avoir désigné les candidats officiels, les soutient jusqu'au bout et cautionne les pires méthodes employées par eux pour être victorieux.

26 avril 1914, élections législatives.

Lucien Gasparin, du Parti radical socialiste, maire de Saint-Denis, brigue un nouveau mandat de député lors des législatives du 26 avril 1914. Il est élu à la 1er circonscription, 8 309 voix contre 3 472 pour Charles Brunet Millon.

La deuxième circonscription est remportée par Georges Boussenot, du Parti radical socialiste, opposé à Robert Le Coat de Kerveguen. Ces élections furent particulièrement violentes, quatorze morts, 300 blessés et sont considérées comme une grande catastrophe à la Réunion.

Charles Brunet Millon, candidat dépité va s'en prendre au gouverneur Pierre Louis Alfred Duprat :

" La Réunion est fatigué des gouverneurs politiciens. Ils déconsidèrent leur fonction jusqu'à se faire les agents d'un parti politique, ils favorisent la dilapidation des deniers communaux. Entre leurs mains, le budget colonial n'est plus qu'un fonds électoral. A la pression administrative s'ajoute l'oppression policière, les citoyens sont arbitrairement fouillés, arrêtés sur des faux témoignages, ils sont jetés en prison ... Allez-vous en, vous nous écœurez ". L'action de l'île de La Réunion. Le 21 avril 1914.



Ordre de mobilisation. Saint-Denis, le 4 août 1914. Le gouverneur de La Réunion, Duprat.








" Les hommes de la réserve et de l'armée territoriale nés à La Réunion, ayant servi dans l'armée active et appartenant aux classes 1892 et suivantes sont rappelés sous les drapeaux.
Les réservistes et territoriaux non originaire de la Colonie sont rappelé sous les drapeaux, quelle que soit la classe à laquelle ils appartiennent. Sont dispensés de rejoindre les agents des administrations publiques indiqués dans les tableaux A, B, C annexés à la loi du 21 mars 1905, modifiée par la loi du 16 juillet 1906.

Les réservistes et territoriaux indiqués aux paragraphes I et II du présent ordre devront, munis de leur pièce militaire et d'une feuille de route délivrée par le maire de la commune où ils résident, se présenter dans l'ordre suivant, au bureau du recrutement à Saint-Denis, rue de Paris, pour être incorporés après visite médicale :

Saint-Denis, vendredi 7 août, à 7 heures ; Sainte-Marie, Sainte-Suzanne, vendredi 7 août à 14 heures ; Saint-André, Bras-panon, Saint-Benoît, samedi 8 août, à 9 heures ; Salazie, plaine des Palmistes, Sainte-Rose, samedi 8 août à 14 heures ; La Possession, Le Port, Saint-Paul, dimanche 9 août à 8 heures ; Trois-Bassins, Saint-Leu, Les Avirons, Étang-Salé, Saint-Louis, dimanche 9 août, à 14 heures ; Entre-Deux, Saint-Pierre, Saint-Joseph, Saint-Philippe, lundi 10 août, à 7 heures.

Les officiers de réserve et de territoriale se mettront immédiatement à la disposition du commandant de recrutement " .



Le paquebot Djemnah ( ou Djemmah ), des Messageries Maritimes réquisitionné, emporte le premier contingent, un millier d'hommes, moins d'une semaine après la déclaration de guerre. Au port de La-Pointe-des-Galets, pour ce premier départ, tous les personnages importants de l'île sont là, à commencer par le Gouverneur de La Réunion. Le Gouverneur fait son inspection du bateau. Tout est fait en l'honneur des futurs héros de la Patrie. La première escale est Madagascar. Escale obligatoire, car à La Réunion, ils n’ont pas eu les moyens de s'habiller, ni de se former. Ils y resteront jusqu'à ce que le premier contingent parte en mars 1915. Beaucoup de réunionnais resteront à Madagascar. C'est à Diego Suarez, point le plus protégé où sont toutes les batteries, que l'on trouvera la plus grande présence réunionnaise. Ceci, sans doute, pour protéger Diego d'un éventuel débarquement allemand. Madagascar, ouvert sur le canal de Suez, est un lieu stratégique important dans l'océan Indien.

1914. La Première Guerre Mondial, la Réunion répond massivement a l'appel de mobilisation et participe à l'effort National. Deux jours après l'ordre de mobilisation général en métropole, la Réunion mobilise à son tour. Jusqu'à la fin du conflit 14 423 réunionnais seront mobilisés, alors que l'île compte 150 000 habitants. Sur 14 423 Réunionnais incorporés, appelés ou engagés volontaires 3 000 sont morts.


Très rapidement le gouverneur Duprat va mettre en place un dispositif spécial d'urgence où l'exportation de riz, du maïs et de la farine est interdite. Pour lutter contre les spéculateurs, un arrêté va fixer pour chaque localité de l'île le prix maximum du riz. Les traitements de tous les fonctionnaires sont payés en monnaie locale, émission par la Banque de La Réunion, pour diminuer l'exportation de la monnaie française. La Réunion se prépare pour des moments difficiles. La perturbation du trafic maritime aura une double conséquence : l'engorgement des docks avec les produits locaux et l'avènement de l'autonomie vivrière de l'île. Au 1 er avril 1918, 40 000 tonnes de sucres, de tapioca et de rhum étaient entreposés dans les docks surchargés.

Le fléchissement des droits d'entrée et de sortie de marchandises aura des incidences graves sur le budget des communes ; l'octroi de mer constituant une de leurs ressources principales. Duprat va donc inviter les maires à opérer des restrictions.

En 1914, pour convenance personnelle, Duprat obtient un congé en métropole. Embarqué à Marseille sur le cargo postal Ispahan, il retrouve la ville du Port à La Réunion le lundi 9 août 1915. Le gouverneur par intérim Cor était déjà parti pour la Métropole le 3 août sur la ville d'Oran.

18 avril 1915, l'avion du Réunionnais Roland Garros est abattu au-delà des lignes allemandes. Il parvient à incendier l'appareil, pour qu'il ne tombe pas aux mains de l'ennemi, mais il est fait prisonnier. Garros sera soumis à une surveillance privilégiée et bringuebalé d’un camp à un autre, Küstrin, Trèves, Gnadenfrei, Magdeburg, Burg et de nouveau Magdeburg. Après de nombreuses et infructueuses tentatives, par tunnel, par mer ou même par avion , Garros ne parviendra à s'évader qu’au bout de trois ans, le 15 février 1918 en compagnie du Lieutenant Anselme Marchal.

L’amiral réunionnais Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917.

En 1918, Duprat, en accord avec le Conseil général va ordonner à l'administration de se substituer au secteur commercial privé défaillant en ce qui concerne l'approvisionnement du riz. Les importateurs ne pouvaient plus assurer la satisfaction des besoins. De novembre 1917 au 30 avril 1818, 11 000 tonnes de riz seront importé de Maurice, de Madagascar et de l'Indochine pour un coût de 5 millions de francs. Le prix du riz est fixé à 0,70 F le jg.

Duprat va également proposer le 27 avril 1818 une taxe sur les terres incultes. Le but poursuivi affirme-t-il est d'ordre économique es social beaucoup plus que d'ordre fiscal.



Avril 1919, la grippe espagnole touche La Réunion.

La Réunion attend le retour de ses enfants partis combattre l’ennemi. Ils rentrent au compte-gouttes, profitant des cargos descendant vers l’océan Indien. En mars justement on attend l’arrivée de l’un de ces cargos, le Madona qui ramène mille six cent trois permissionnaires. Outre cette bonne nouvelle, d’autres sujets alimentent les conversations, notamment celui d’un fléau parti des États-Unis en 1918 et qui a ravagé le monde entier ou presque : une sorte de grippe que l’on a appelé à tort grippe espagnole . Mais La Réunion ne se sent pas véritablement concernée par ce fléau, se considérant isolée par la mer. Cependant la venue de « l’Orel », qui arrive d’un point contaminé, soulève quelque inquiétude : l’île n’est-elle pas démunie, presque totalement, des vaccins et autres médicaments permettant de lutter contre cette grippe ?

La grippe espagnole est entrée à La Réunion sur le Madonna le 31 mars 1919. Il a souvent été avancé que le virus était dans un stock de terre servant de lest, qui aurait été déchargé par le paquebot. Il est beaucoup plus vraisemblable de penser que certains des permissionnaires étaient contaminés, comme plusieurs centaines de milliers de leurs compagnons de combat. Les tranchées, la boue, la crasse, c’est le milieu rêvé pour les maladies en tous genres...

Toujours est-il qu’on constate, dès le 3 avril, des cas de grippe aggravée, fort suspects. La rumeur court : ne serait-ce pas cette grippe espagnole qui ravage l’Europe et dont parlent les journaux ? Mais les autorités se font rassurantes : " Pas d’affolement ! On a examiné les secrétions bronchiques des malades au microscope. Il s’agit d’une grippe ordinaire ! Simplement, comme elle coïncide avant le changement de saison, elle est un peu plus virulente, c’est tout ! "

12 avril 1919, la grippe espagnole a déjà fait au moins vingt morts à Saint-Denis.

16 avril 1919, déjà soixante-deux morts à Saint-Denis.

La semaine de Pâques 1919 sera terrible : près de mille morts à Saint-Denis. La vie, au sens figuré, s’est arrêtée. Plus de police, plus de services officiels, plus de médecins. Tous, ou presque, sont malades. Des heures d’attentes sont nécessaires devant les quelques pharmacies encore ouvertes afin d’obtenir quelques médicaments.

Fin avril, on peut constater une légère régression de l’épidémie, bien que l’on compte encore soixante à cent décès par jour à Saint-Denis. Enfin, dès le début du mois de mai, une nette amélioration se fait sentir dans le chef-lieu. Le 5 mai on compte encore quatre-vingt quatorze morts, chiffre qui ira en diminuant les jours suivants. La Réunion va-t-elle devoir supporter encore longtemps ce terrible fléau ?

Le 11 mai 1919, la réponse semble venir du ciel. Ce jour-là l’horizon se couvre brusquement, le vent se lève et se fait violent. Un mini-cyclone va balayer l’île. L’événement ne dure qu’une heure et frappe surtout la côte ouest, justement là où la grippe espagnole se montre la plus virulente, et les dégâts seront importants dans la région du Port. Mais là n’est pas le principal. En effet il semble que ce phénomène atmosphérique ait « lavé » l’air de l’île de toutes ses impuretés.

La Réunion se relève abasourdie. On n’aura jamais le vrai bilan des six semaines d’épidémie, tout simplement parce qu’il n’y avait plus personne pour tenir les comptes. Les estimations oscillent entre 7 000 et 20 000 morts.

Pierre Louis Alfred Duprat termine son mandat au poste de gouverneur de La Réunion, le 7 juin 1919, il quitte l'île le 18 juin 1919. C'est le secrétaire général Victor Jean Brochard qui fera l'intérim pendant plus d'un an.

Avril 1920, Pierre Louis Duprat est nommé gouverneur de la Guadeloupe.

Le 2 janvier 1923, il devient directeur de l'agence des Banques Coloniales ; c'est la consécration de toute une vie pour ce brillant économiste.

Il meurt le 15 juillet 1953.

Gouverneur suivant : Frédéric Estebbe



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